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... Carlotta en America del Sur ...
6 janvier 2003

Email Carlotta en America del Sur # 27

Lundi 6 janvier 2003, Mendoza, Argentine.
Je me relie parfois, après avoir envoyé les messages, et je me rends compte que certaines de mes fautes de frappe peuvent rendre inintelligibles mes phrases : j'en suis sincèrement désolée. Par exemple, dans mon dernier message, à la fin, j'écris "en gros ça devrait être une fête de 2 heures" Naturellement j'ai voulu dire "une fête de 24 heures". Il est bien évident que ceux qui ne sont pas de langue française ne pourront pas apprendre l'orthographe en lisant mes messages, et je présente mes humbles excuses, particulièrement à ces derniers, car peut être parfois ne comprennent-ils carrément pas certaines de mes phrases, à cause de ces fautes d'orthographe, de frappe, et aussi de certaines de mes références culturelles qui sont, je m'en aperçoit, carrément "à part".
Merci à tous pour vos messages. Un seul voeux à tous : suivez vos rêves. Et sachez que même si je ne réponds pas en particulier à vos messages, ils me font extrêmement plaisir. Continuez à m'écrire ! Merci à tous pour vos voeux...
En ce moment dans le cyber café, nous écoutons le dernier album d'Eminen, et j'ai la vague sensation d'être dans la 307 de Papa et Maman en Guadeloupe, que Patrick (mon frère préféré) conduit, et que nous allons, vitres ouvertes au vent, vers le phare de Vieux-Fort pour prendre un bain au coucher de soleil... Tiens ! Je vous envoie ci-joint deux couchers de soleil vieux-fortins... pour ceux qui ignorent encore le bonheur !
Pour répondre tout de suite à la question de Taline : NON, les Spice Girls de Buenos Aires n'étaient pas à la soirée du nouvel an à l'auberge de jeunesse. Elles sont toutes reparties passer le réveillon dans leurs familles respectives (sauf une, qui a changé d'avis sur le quai de départ du bus, juste pour rester avec un bel anglais musclé, qui l'a finalement snobé toute la soirée). Car ici on réveillonne avec les parents, et après avoir trinqué au champagne à minuit, on va finir la nuit en boîte de nuit avec ses amis. La fête du nouvel an n'a rien de particulier. Il n'y a aucune tradition particulière : comme partout ailleurs sur la planète c'est champagne, bisous et feu d'artifice à minuit, et comme partout ailleurs, il y a polémique pour savoir s'il est déjà minuit, ou s'il faut attendre quelques minutes, quelques secondes.
A l'auberge de jeunesse il y avait un succulent dîner, genre buffet froid, mais à la mode argentine, c'est à dire rouleau de viandes et légumes (à base de matembré, partie fine de la vache située sur ses côtes, me semble-t-il...), rôti, oeufs farcis, crudités et salades composées les plus extravagantes possibles, pâtés de légumes, et autres purée au thon,... Bref, on n'est pas mort de faim, ni de soif. Les vins de la région, et le "sprite light" coulaient à flot, et cela a été l'occasion pour moi de goûter quelques blancs moelleux pas mal du tout, et qui descendent un peu trop facilement.
Le bar attenant à l'auberge de jeunesse avait naturellement prévu le coup, et le dîner à été suivit d'un bal, à base de salsa, merengue, samba et autres rythmes latino, qui ont permis aux quelques touristes brésiliens de passage, de ridiculiser ceux de la planète entière présents. Finalement, il reste toujours une sacré différence entre un anglais qui boit de la bière toute la soirée et baratine une fille balbutiant quelques mots d'espagnol approximatifs, et un brésilien qui danse bien et invite la dite fille sans rien dire parce qu'il sait que de toute façon rien de sert de parler. Conclusion de l'affaire, à propos de la spice girl de Buenos Aires qui est restée pour le bel anglais musclé...
Petite parenthèse. Selon les dire de ma copine anglaise Sarah, les beaux anglais musclés ne se rencontrent jamais en Angleterre : ils sont tous à l'étranger. Inutile donc aux célibataires qui liront ce message de réserver un vol simple pour Londres. Venez plutôt en Argentine, car au moins si vous ne rencontrez pas de beaux anglais, vous tomberez peut-être sur un brésilien qui sait danser, ou un argentin au regard ténébreux qui vous apprendra le castillano, ou même un français sexi... ça existe, je vous assure !
Soit dit en passant je n'ai jamais rencontré autant de français qu'à Mendoza. La plupart de ceux que j'ai rencontré font guide rafting ou de kayak, et parmi les meilleurs, et tous ou presque, sont de Paris (sauf un). Il y a ici comme une tribue de français spécialistes du kayak.
L'anglais de Lorena, du nom de Jim, guide de rafting, au visage couvert de piercing, et ayant déjà brisé le coeur à bien des argentines le long de tous les fleuves du pays où on peut faire du rafting… Jim a passé la soirée à baratiner toutes les filles qu’il rencontrait, et Lorena qui le voulait en exclusivité n'a pas supporté. Pour se venger elle a dansé avec tous les brésiliens qui passaient par là. Il y a décidément des choses (et particulièrement des comportements) qui sont universels. Le lendemain, au petit déjeuner tardif, les brésiliens sont sortis faire un jogging pou éliminer, et les anglais sont restés boire du maté pour lutter contre la gueule de bois. Sans commentaire.
Pour ma part, j'étais au lit à 1h du matin. Le 31 décembre, j'ai passé 4 heures dans un bus pour monter vers l'Aconcagua, jusqu'à une station de ski abandonnée pas loin de la frontière chilienne, du nom de Las Cuevas. Puis en 3h15, j'ai descendu à pied les 15 km qui mènent au hameau de Puente del Inca, par la voix ferrée désaffectée, avec l'Aconcagua magnifique sur ma gauche.
Arrivée au lieu dit, je suis allée visiter ce monument de la haute montagne mendocine : un pont formé par la sédimentation naturelle du souffre au contact de l'air au dessus d'une rivière. Ce sont les Incas qui les premiers ont canalisé le ruissellement de l'eau chargé en souffre pour former ce pont, et lors de la guerre d'indépendance, c'est par ce pont que sont passé les troupes de l'armée des andes du général San Martin pour aller libérer le Chili, après avoir libéré l'Argentine, d'après ce qui m'a été expliqué. Ce pont tout jaune et un peu boueux est la chose la plus étrange et la plus jolie que j'ai vu en quinze jours dans la province de Mendoza.
Les eaux chargées en souffre ont été exploitée un temps dans une station thermale, mais elle a été détruite pas un tremblement de terre, et il n'en reste plus que quelques bassins. J'ai donc pris un bain au souffre de 1h30 après mes 3h15 de marche. Après l'effort, le réconfort. Un bain chaud, dont il a fallut sortir dans un vent glacial à 3800 et quelques mètres d'altitude. Rude épreuve mais vivifiante. Imaginez bien, qu'avec en plus, les quatre heures de bus pour revenir à Mendoza capitale, j'étais bien fatiguée.
Mais cette sortie, non loin de l'Aconcagua, ne m'a donné qu'une envie : le gravir un jour. J'ai parlé avec beaucoup de guides de haute montagne sur la préparation nécessaire et ils disent tous la même chose. L'Aconcagua est un des sommets, sinon le sommet le plus difficile à gravir, car en plus d'être un des plus élevé (6969 mètres), il est dans une région sèche et chaude, ce qui rend les conditions de pressions atmosphériques encore plus difficiles, et l'oxygène encore plus rare (because la dilatation de l'air), en plus du froid. Tous s'accordent à dire que l'Himalaya, bien qu'il soit plus élevé, est plus facile à gravir, parce que plus humide.
De toute façon, on ne se met à pas à grimper des montagnes comme ça, du jour au lendemain. Et moi, en dehors de la Soufrière en Guadeloupe (1674 mètres), et de quelques randonnées en haute montagne, je n'ai aucune expérience. But I'll be back ! Enfin. J'espère...
Il y a tellement de gens qui prennent cette histoire de gravir les montagnes à la légère. Il y en a tant qui en meurent. Un coréen est mort la semaine avant mon arrivée : bêtement. Au lieu de se contenter de suivre le chemin de randonnée, il a voulu escalader une falaise pour faire un racourcis, et est tombé dans le vide, de 80 mètres d'altitude, à ce que j'ai compris. Sarah et moi avons croisé un japonais, Massa, qui avait pris 15 jours de congés exceptionnels pour venir ici gravir l'Aconcagua, mais lui alors, il avait l'air carrément préparé ! Il avait conscience de la puissance de la nature et de ses dangers.
Sarah connaît un guide haute montagne anglais qui est venu ici pour gravir l'Aconcagua avec deux anglaises. Elles ont payé une fortune (2500 $US) pour ça. Elles ont abandonné le premier jour. Elles n'avaient aucune préparation et ont carrément sous-estimé la chose. Elles se sont payées cette excursion comme elle s'achèterait une robe de soirée, et certainement dans l'idée de pouvoir dire qu'elles l'ont fait. Mais cela ne se passe pas comme ça en montagne. Même des professionnels en meurent. Il semblerait qu'il vaut mieux le faire jeune.
Gustavo, guide haute montagne auparavant, a 36 ans et ne peut plus le faire, car la dernière fois il a eu un début d'œdème pulmonaire, et est redescendu de la base en vitesse. Pedro, le propriétaire de l'auberge de jeunesse et ex-guide de montagne, la quarantaine, lui, le monte deux fois par ans, et l'a gravit plusieurs fois en hiver (ce qui relève carrément de l'exploit humain...). La température baisse de 0,02 degré celcius par mètre d'altitude, ou quelque chose comme ça. Si à 4000 mètres, il fait déjà +10 degré celsius, je vous laisse calculer la température au sommet, sans oxygène, et une pression atmosphérique qui tend vers 0. Tous les organismes ne peuvent pas survivre à ça. Bien des gens s'endorment et ne se réveillent pas...
Le lendemain, après une bonne nuit de 10h, j'ai passé la matinée à boire le maté (pas pour la gueule de bois, mais juste pour la convivialité...) avec Marcella, la petite amie d'Ariel, un des réceptionniste-standardiste-comptable-et-parfois-veilleur-de-nuit, qui travaille à l'auberge de jeunesse, tout en poursuivant ses études d'économie, et en parlant un anglais des mieux improvisé que j'ai entendu, et presque sans accent. Ce soir je dîne chez Marcella et Ariel : c'est vous dire à quel point nous avons sympathisé !
Lorena était là avec nous pour ce premier jour de l'année, et elle semblait vraiment déçue d'être restée pour son bel anglais, d'autant quelle faisait partie du groupe qui n'a pas su se contenter de la fête de l'auberge de jeunesse, et est allée chercher meilleur, en vain, dans des boites de nuits à l'extérieur... Elle a marché toute la nuit, payé l'entrée de trois boîtes de nuit, et n'a pas trouvé de chaire fraîche où planter les dents (car les brésiliens eux sont restés à l'auberge de jeunesse). Bref, la belle Lorena était un peu éteinte pour ce premier jour de l'année...
Je ne comprendrai jamais tous ces gens qui se saoulent. Ils se réveillent le lendemain avec la sensation d'être diminués, incapables de penser ou d'agir, envie de rien... Où est le plaisir ? Et à quoi bon commencer une année dans ces conditions ? J'ai commencé 2003 fraîche et prête à conquérir le monde.
Mercredi 1er janvier, quand il a commencé à se faire "faim" je suis allée manger au centre ville, et sur le chemin du retour, j'ai croisé Sarah l'anglaise, Lorena, la spice girl, avec un groupe d'états-uniens que j'avais entrevue la veille à la soirée du nouvel an : Fiona, son frère Joss, et un ami à eux, Thomas, de Californie. Il y avait aussi Jonhatan et Caroline, deux argentins de Buenos Aires (j'ai rencontré peu d'Argentin qui voyageaient, même dans leur propre pays, et qui n'était pas de Buenos Aires), et Simon, un autre états-unien, fraîchement débarqué à Mendoza, et ayant passé toute la nuit du nouvel an au lit, malade comme un chien à cause d'un horrible virus, et avec une piqûre de pénicilline comme tout remède. Je les ai accompagné déjeuner et nous avons décider d'aller voir au cinéma, le deuxième épisode du Seigneur des Anneaux, en version original sous-titrée en espagnol.
La séance était à 20h30. Nous y étions à 19h30. Nous sommes donc allés boire un verre. Et la j'ai pu vérifié ce que j'avais observé à midi. Mis-à-part Simon avec qui j'ai sympathisé parce qu'il connaissait la Caraïbe pour avoir travaillé à encadrer des enfants sur un bateau école, ces états-uniens se comportaient comme de vrais "gosses" : à faire des grimaces dans tous les miroirs qu'ils croisaient, à se lancer de la nourriture dessus comme dans les cantines du primaire, à inventer des jeux débiles du genre "quel est ton animal préféré", à se maquiller le front avec de la glace juste pour prouver qu'ils en sont capable… Ouaw, c'est trop drôôôôle ! Complètement diiin-gue !
Je me rappelle avoir joué au frisbee sur la Grand Place à Lille. Je me rappelle avoir participé à une guerre au pistolet à eau à la résidence universitaire à Lille, à de nombreuse bataille de boules de neige dans la cour de la fac de lettre à Nancy. Je me rappelle aussi avoir pris des trains sans regarder où ils allaient juste pour aller dans un endroit que je ne connaissais pas. Je me rappelle avoir fait la même chose avec les bus dans les villes où j'ai habité. Je me rappelle avoir voulu dormir à la belle étoile sur les îles du Frioul au large de Marseille, et ne pas avoir pu dormir tant j'avais froid parce que je n'avais rien pris pour me couvrir. Je me rappelle avoir plongé dans une rivière à trois ou quatre degrés celcius en Irlande, et l'avoir amèrement regretté le soir, quand j'ai commencé à entrer en hypothermie. Je me rappelle avoir fait bien des paris stupides au lycée. Je me rappelle m'être roulée dans l'herbe sur les collines du parc des Buttes Chaumont à Paris, et aussi au Parc Floral du Bois de Vincennes, pas plus tard qu'il y a 5 mois. Juste pour le plaisir de se rouler dans l'herbe. Mais tous les délires ont une fin, et le délire perpétuel lasse plus qu'il n'amuse... surtout quand c'est pour gaspiller de la nourriture dans un pays pauvre.
Je ne sais pas si c'était une blague ou pas, mais Thomas m'a dit qu'ils étaient à Mendoza pour gravir l'Aconcagua. Entre nous ils n'avaient pas l'air très prêts, ni avertis.
Mais le clou de la soirée s'est passé pendant la projection. Le film dure trois heures, et oh immondice, il a été interrompu à la moitié pour permettre aux spectateurs de faire une pause. Et à 22h, au moment de la reprise, la pellicule ne veut plus redémarrer. Tout d'abord le film a repris vice versa, c'est à dire l'image à l'envers de droite à gauche (ça, seul les sous-titre permettent de s'en rendre comte). Il a fallut remettre toute la bobine dans le bon sens. 25 minutes d'attente. Après plusieurs tentatives il semble que cela refonctionne, puis la bande se met à ralentir, et pour finir la pellicule s'est arrêtée, puis consumée de l'intérieur vers l'extérieur. En effet, la lumière du projecteur est très puissante, et est prévue pour projeter la pellicule pendant son défilement (la vitesse empéchant que la pellicule se consume), mais elle est si fine et si fragile qu'à l'arrêt elle brûle. Un spectacle, impressionnant que de voir le film que vous regardez se consumer en direct sur l'écran pour le laisser finalement tout blanc.
Inutile de dire que même si ce n'est qu'une dizaine de frames qui a brûlé la réparation de la bande aurait pris trop de temps pour faire patienter la salle. Conclusion, les ouvreurs ont annoncé la possibilité de se faire rembourser, et tout le monde est parti, déçu, et effrayé à l'idée de devoir se retaper toute la première partie quand ils voudront le voir. Nous sommes restés à errer quelques minutes dans le couloir. Mais j'étais trop déçue, et vraiment pas prête à revenir dans ce ciné, où ailleurs, pour voir ce film, d'autant que j'avais beaucoup investie sur la séance : taxi aller-retour, car le cinéma est loin du centre et qu'aucun bus n'y va (4 pesos par personne avec 4 personnes par taxi), pop-corn et jus d'orange parce que cela nous faisait sauter le dîner (6 pesos), et que le film est long, en plus de l'entrée (5 pesos). Je me suis mise à ouvrir les portes des autres salles, profitant de la confusion, et sachant que d'autre salles montraient le même film, et j'ai finit par trouver une projection entamée. Les autres ont suivit. On a revu presque tout le début, mais au moins on a vu la fin !
Quand on est sorti, il était deux heures du matin, et curieusement il n'y avait aucun  taxi (et beaucoup de clients) à la sortie du cinéma. On était tous exténués mais c'est Sarah qui nous a sauvé cette fois. Car le premier taxi qui s'est pointé, inutile de dire que ça a été la guerre pour l'obtenir. Tous les clients potentiels se sont précipités dessus. Un jeune a ouvert la porte et à commencé à s'y asseoir, suivit de ses amis, sauf que Sarah a ouvert la porte de l'autre côté, à dit au chauffeur où nous allions et à crié en direction du jeune : "Nous étions les premiers jeune homme ", insistant bien sur le "jeune", et montrant bien ses 35 ans. Le jeune a protesté tout d'abord, puis sous la pression a fini par céder. Nous nous sommes entassés dedans, et en 15 minutes on était au lit. J'ai raconté ça à la cuisinière le lendemain au petit déjeuner, et depuis la légende de Sarah a fait le tour de Mendoza.
A part ça, le film était pas mal. Il y a trois ou quatre scènes qui m'ont vraiment plu. Le moment où l'elfe monte sur un cheval en faisant une galipette digne de Matrix (lors d'une bataille dans la première partie) : les effets sont imperceptibles et la chose est faite si naturellement que je ne l'ai même pas vu lors de la première projection. La scène où pendant l'attaque des arbres au QG des méchants, un arbre enflammé se jette dans l'eau en poussant un cri hyper drôle. Le personnage tout habillé de noir, complice des méchants, qui manipule le royaume humain où arrivent les héros, dont le roi est envoûté : ce personnage, sa relation à la princesse, et son rôle font agréablement penser à Richard III de Shakespeare. J'ai adoré aussi le moment où Frodon tombe dans les marécages hypnotisé par les elfes morts noyés, et dont les corps flottent sur l'eau stagnante (tel celui d'Ophélie qui se suicide se jetant à l'eau dans Hamlet, du même Shakespeare). Mais sinon bon.
Le problème de ce film (même si la deuxième partie est mieux gérée de ce point de vue que la première), c'est le Temps : c'est une succession de batailles de même valeur dramatique, et du coup le film n'a pas vraiment de montée en puissance, et parfois on regarde sa montre, et on s'ennuie... Heureusement qu'il y a les beaux paysages de la Nouvelle Zélande, où le film a été tourné, à regarder.
Jeudi 2 janvier aussi, a été un jour de repos. Sarah et moi sommes allées nous baigner aux thermes de Cacheuta. Eau à peine chaude, et petits bassins pleins d'enfants très bruyants. Nous ne les imaginions pas vraiment comme ça.
Sarah était à la recherche de quelque chose à faire pour ses derniers jours à Mendoza, car après, elle retourne à Buenos Aires, et le 14 son avion décolle pour Londres, après un an de voyage. Elle en a parlé à Pedro, le patron, et il lui a trouvé une excursion de deux jours en pleine nature, à faire du cheval. 500 pesos seule, 250 pesos par personne à deux et 150 pesos par personnes à 3 et plus. Elle m'a demandé si je voulais y aller avec elle, et en dehors du fait que je n'aime pas vraiment l'équitation (voir même que je déteste monter a cheval), j'ai accepté. Elle m'a payé une partie de l'excursion, et elle ne m'a coûté que ce que m'aurait coûté deux jours à Mendoza à ne rien faire. Mais le mieux dans l'affaire, c'est qu'en discutant avec Pedro, il m'a trouvé une sortie de rafting de longue durée pour le lendemain (l'excursion équitation en haute montagne ayant lieu samedi et dimanche).
Vendredi 3 janvier, Sarah et moi sommes donc allées faire du rafting sur le Rio Mendoza pour mon plus grand plaisir. La première fois s'était tellement bien passé avec Mariano que les appréhensions de Sarah (tomber à l'eau, boire la tasse, être emportée par le courant, se cogner à un rocher, disparaître dans une vague ou un rapide) avaient disparues. Et comme pour faire un groupe de rafting il faut être 4, 6, ou 8 plus le leader, et que nous étions apparemment les seules à vouloir faire une excursion de rafting de longue durée, nous sommes allées recruter parmi les autres passagers de l'hôtel. Nous avons rencontré Rosie, une irlandaise, très intéressée, et c'était suffisant visiblement pour faire le groupe, selon les organisateurs. Et vous ne devinerez jamais qui a été notre guide (et leader) pour cette sortie de rafting. Mariano lui même. Sarah était rassurée, et moi je me préparais à une sortie inoubliable.
Pour trois heures de rafting, on a du enfiler des combinaisons car l'eau n'est pas très chaude par ici. 10 degrés environs. Le niveau de difficulté était un peu plus difficile que la première fois, parce que moins d'eau, donc des vagues plus hautes (les vagues étant formées par les roches au fond du fleuve, qui elles ne changent pas de hauteur), un dénivelé un peu plus important, et surtout des rapides plus dangereux. La première fois, c'était du niveau 3, et là on passait à 3+. Un régal.
A ma grande satisfaction, et à en écoeurer Sarah, le bateau s'est soulevé à la perpendiculaire sur une vague énorme, et nous sommes toutes tombée à l'eau. Je dis toutes, car Mariano et les deux espagnols qui nous ont accompagné dans cette sortie se sont cramponnés au bateau, et n'en sont pas tombés (ces espagnols sont des guides fraîchement recrutés, et qui doivent apprendre d'abord à connaître le fleuve avant d'encadrer des sorties avec des touristes inexpérimentés). Sarah était secouée quand on l'a tirée de l'eau. Rosie était toute excitée : elle avait déjà fait du rafting, mais sur des fleuves tout calmes, en Nouvelle Zélande,  et moi je hurlais de plaisir ! Nous avons été repêchées rapidement, et je dois encore une bouteille de bière à Mariano (c'est la règle) pour m'avoir sortie de l'eau. Le pire c'est qu'on a rien perdu : le pique-nique, les cordes de sauvetage, une rame récupérée sur une berge et qui n'était même pas attachée, tout était encore dans le bateau quand on y est remontés. Cette chute a eu lieu au début de la deuxième heure après la pause d'une heure sur une petite île du fleuve pour pique-niquer. Et le pire était passé : la première partie.
Le rapide qui nous avait fait plonger s'appelle "Andreanito", rien à voir avec ceux bien plus terrible que nous avions affronté avec succès avant le déjeuner. Au point où je me demande si Mariano n'a pas provoqué la chute, car je suis sure qu'il est vraiment du genre à aimer tomber. Sarah lui a demandé après la sortie si son but était de vaincre les rapides sans tomber (tout comme l'équilibriste traverse sa corde sans tomber) ? Et il a dit que non, qu'il adorait tomber à l'eau. Et à la première sortie, celle de 40 minutes où il y avait plein de bateau et beaucoup de monde, Mariano était le seul à faire des figures avec le bateau, les autres se contentant de descendre calmement le fleuve en évitant le "flip" (bascule). Enfin.
Le pire était passé, et nous arrivions désormais sur la partie du fleuve que Mariano connaissait le mieux : celle qui est descendue lors des sorties courtes. Sarah était soulagée, Rosie fatiguée (car il faut ramer mine de rien), et moi triste de voir s'approcher la fin. Quand le bateau s'est soulevé la deuxième fois, nous l'avons à peine vu venir. Tout s'est passé très vite. Mariano n'a pas su (ou n'a pas voulu) nous expliquer pourquoi, mais on a fait un flip complet : tout le monde à l'eau et sur un rapide hyper facile à passer. Un des espagnols et Mariano sont vite remontés dans le bateau, ils ont récupéré Rosie, mais l'autre espagnol, Sarah et moi ont a filé avec le courant. Heureusement, il y avait Nicolas (un guide français) dans le kayak de sécurité, un peu plus bas sur le fleuve. Il nous a demandé d'essayer de rejoindre les berges, mais Sarah était paralysée. Le fleuve coulait si vite. Nicolas a rattrapé Sarah, et l'espagnol tombé tout près de la berge a été rapidement dessus. Moi, j'ai lutté et lutté contre les flots, ma rame à la main (ne facilitant pas la nage), et je voyais Nicolas sur son kayak qui rejoignait la berge avec Sarah, et Mariano et l'espagnol descendre le fleuve sur le bateau à la recherche d'un endroit où s'arrêter. J'ai fini par atteindre le berge mais je n'arrivais pas à me mettre debout pour rejoindre la terre ferme, à chaque fois le courant me poussait sur les rochers. Et une bonne dizaine de fois ma cuisse droite a été violemment frappée par les rochers sur lesquels mon corps était projeté. J'ai finalement réussi à sortir. Mais il fallait encore que je marche, pied nu, sur les rochers et le sable brûlant, au milieu des cactus et des buissons épineux, ma rame à la main, jusqu'à la petite plage où Mariano avait réussi à arrêter le bateau. J'ai rencontré l'espagnol qui avait chuté en chemin, avec une sandale en caoutchouc à la main qu'il avait trouvé sur la berge, là où il avait réussi à sortir. Il me l'a donnée pour marcher. Et nous avons rejoins les autres.
Sarah était terrorisée, Rosie bouleversée, les espagnols ont gardé leur sérieux, Mariano le silence et Nicolas était le seul à parler : il hallucinait complètement que j'ai réussi à nager jusqu'à la berge. Mariano n'avait plus qu'une sandale au pied et a reconnu l'autre à mon pied. Je la lui ai rendue. Moi, j'avais mal à la cuisse droite mais j'étais contente : je n'avais rien de cassé, je pouvais encore marcher, et je m'étais mesurée à la force du Rio Mendoza.
Quand chacun a été remis de ses émotions on est repartis. Il nous restait 10 minutes de descente, et les derniers rapides (si impressionnants lors de notre première sortie sur le rio Mendoza), nous semblaient vraiment des vaguelettes en comparaison avec ce que nous avions affronté. On est arrivé à un endroit calme et Mariano a demandé qui voulait prendre un bain. J'ai plongé et me suis laissée descendre par le fleuve sur quelques mètres, puis j'ai nagé un peu contre le courant, non pas pour rejoindre le bateau, mais pour permettre au bateau de me rejoindre. Ils m’ont sortie de l'eau et on est arrivé à la base. Sarah ne veut plus entendre parler de rafting. Rosie a adoré. Et moi je ne demande qu'une chose, c’est d'y retourner.
Au retour à l'auberge de jeunesse, je suis allée m'allonger pour me reposer : j'avais encore la sensation physique d'être sur le bateau à affronter les vagues, la tête qui tourne, le corps qui est chahuté, et quand je fermais les yeux, je voyais le bateau dans des vagues énormes, s'engouffrer dans des tourbillons, et s'envoler sur des rapides, et Mariano qui criait les ordres, "foward, foward, foward, high foward, stop,..., foward,...", et nous qui ramions, comme des dingues, sans oublier d'admirer les montagnes autour, de regarder venir les prochains rapides, d'apprécier les vagues qu'on se prenait dans la figure, de fermer les yeux pour les plus grosses, juste au moment où l'eau arrive, car avant et après il faut apprécier... apprécier la puissance de la vague, l'inclinaison du bateau, et toutes les sensations qui nous traversent. La nature est si puissante.
Vendredi soir à l'auberge de jeunesse c'est "asado" : j'ai évité de m'asseoir à la table des israéliens nouvellement arrivés pour ne pas déclencher à nouveau de "conflit", et j'ai discuté avec un porteños en vacances qui travaille comme magasinier dans une grande surface et adore les plages bondées de monde.
Samedi matin au départ pour la sortie équitation, qu'elle n'a pas été notre surprise, à Sarah et moi, de découvrir que nous n'étions pas les seules. Il nous avait vendu une excursion à trois au prix d'une excursion à deux. Sarah n'a pas voulu faire de réclamation et nous nous sommes contentées de faire connaissance avec Iyen, un norvégien qui avait mangé à notre table la veille au soir.
Mais nous avons été bien plus nombreux. Gustavo le guide, est passé chercher un couple de porteños à la gare, et un autre couple dans une ville proche des montagnes où nous allions. Partis à 11h, nous sommes arrivés à 14h dans une ferme où les propriétaires nous ont invités à leur table. Là, nous avons mangé les pâtes les meilleures que j'ai mangé de ma vie (et je retire ma remarque de la dernière fois sur les pâtes en Argentine : on peut en trouver des  biens cuisinées visiblement, mais il faut juste avoir la chance de manger à la table de fermiers d'origine italienne).
Puis nous avons fait trois heures de cheval jusqu'à une bergerie perdue au creux des montagnes. Trois heures de cheval, sous le soleil, pour quelqu'un qui n'aime pas monter, je ne sais pas si vous vous imaginer ce que cela représente. C'est trois fois plus en durée que ce que j'avais déjà fait en additionnant les deux premières fois. En plus, j'avais de sacrés problèmes de communication avec le cheval que je montais.
Et puis, comme les deux premières fois où je suis montée à cheval, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que c'était parce que je tirais sur un lien en cuir relié à une barre de fer qui lui traverse la gueule que ce cheval tournait à droite, ou à gauche, ou s'arrêtait. Et comme les deux premières fois où je suis montée, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que le rapport Homme-Cheval est carrément de l'ordre sado-masochiste. Il faut lui frapper le cul pour qu'il passe du pas au trot, et du trot au galop. Et qui plus est il nous porte. Même si le poids et la puissance musculaire du cheval sont largement au dessus de ceux de l'Homme, c'est un rapport de domination que je n'arrive vraiment pas à apprécier.
Je me suis prêtée au jeu et je peux même dire que j'ai fait des progrès. Pour la première fois, j'ai fait courir un cheval, ce qui est bien plus agréable que la vitesse inférieure, qui se situe en quatre temps, qui vous bouscule dans tous les sens, alors que la course est en deux temps, et que la sensation de vitesse est carrément agréable. Enfin bon.
J'ai appris le simple vocabulaire qui permet aux chevaux et aux hommes de communiquer, et qui évite ces derniers à frapper les premiers pour qu'ils avancent, ce qui m'a soulagé. Mais ce n'était tout de même pas la joie. Le soir, au dîner, j'ai appris que le cheval que je montais avait une maladie qui le fatiguait plus. Le lendemain, je n'ai plus culpabilisé une seconde d'être à la traîne par rapport aux autres, qui avaient visiblement de l'expérience. En plus, le deuxième jour l'excursion était en haute montagne : trois heure de grimpette (24km et 1200 mètres d'altitude en plus), pour aller dans un endroit magnifique appelé la grande vallée, dans le massif pré-cordillerain, non loin de San Carlos, et deux heures de descente par le lit d'un fleuve asséché, en cette saison, sous le soleil qui tape (16km et 1200 mètres d'altitude en moins). Je vous laisse imaginer l'inclinaison des pentes, et la difficultés à contrôler un cheval malade, et pas en confiance, parce que la personne qui le monte manque d'expérience : un vrai calvaire pour lui et moi. J'en avais plus mal à la tête qu'au fessier à notre arrivée à la bergerie le soir. Mais nous y avons survécu. Le cheval et moi.
D'ailleurs le pire, je crois que ça n'a pas été l'équitation, mais la crampe monumentale que je me suis payée à la jambe droite. Le deuxième jour, au bout d'une heure et demi de trajet, j'ai commencé à avoir une crampe en descendant du cheval pour un réglage de monture. Ma copine Sarah, qui est ostéopathe m'a délivré de ma souffrance, mais quelques kilomètres plus tard, alors que nous admirions un paysages panoramique extraordinaire du haut d'une montagne que nous venions tout juste de gravir, le cheval s'est assis sans me demander mon avis, et la position dans laquelle je me suis retrouvée à redéclenché la crampe, mais encore plus puissante. Cette fois je me suis allongée (là où je pouvais, c'est à dire dams le crottin de cheval entre les cailloux et les herbes épineuses), et Sarah m'a fait un massage en profondeur, j'ai marché, mais j'ai gardé encore comme une pierre au milieu du mollet droit.
Je suis habituée à ce genre de crampe. Une fois de temps en temps je me retrouve bloquée par une crampe foudroyante comme ça. La première fois j'étais au collège. J'ai été réveillée au milieu d'un cauchemar par la dite crampe. Dans le cauchemar j'étais chez mes parents, dans la maison que nous habitions au Lamentin. C'était la fin de la journée, la lumière diminuait et nous étions tous là à ranger la maison à la fin d'une journée de dimanche passée à diverses activités de bricolage, et un homme a commencé à remonter l'allée s'appuyant sur une canne. Le voyant, je vais vers lui et lui demande ce qu'il cherche. Il répond qu'il me cherche mais visiblement ne me connais pas car il dit mon nom. Il est petit, blond, moustachu, mal habillé et salle, il porte des lunettes de soleil noire... ou pas. Je ne sais plus. Quand je lui dis qui je suis, il lève sa canne vers moi, et là je m'aperçois que sa canne dissimule une arme. Il tire sur moi et me touche au plexus solaire, et je me réveille avec une crampe qui me paralyse toute la jambe et l'abdomen jusqu'au plexus solaire. Ce rêve reste une énigme.
Enfin bon. Je garderai un bon souvenir de ces deux jours. Je ne suis pas tombée une seule fois, et heureusement, car il y des précipices et des rochers auxquels on ne survit pas. Je pense que j'ai nettement progressé en équitation de randonnée (grâce aux conseils de Mariano (un autre), un vétérinaire qui faisait partie de l'excursion).
Et heureusement qu'il y avait ce cadre incroyable, ces montagnes magnifiques, les condors avec lesquels nous avons pique-niqué dans la grande vallée, et surtout cette nuit que nous avons dormis à la belle étoile, car il n'y avait que quatre lits à l'intérieur de la bergerie. Mariano et José avait fait un feu. Ils étaient avec leurs petites amies respectives, Shana et Malia, deux soeurs. Sarah, et Gustavo, le guide qui lui tournait autour, Iyen et Jorge l'autre guide, ont dormi à l'intérieur. Nous, dehors, ont a compté les étoiles filantes, on s'est habillés au maximum pour lutter contre le froid (mais pas si froid que ça... 17-18 degrés seulement), et on a savouré un levé de soleil extraordinaire.
A mon retour à Mendoza j'étais toute bronzée. J'ai repris une chambre à l'auberge de jeunesse pour deux nuits (au lieu d'une prévue). Je me suis aperçue que j'avais perdu ma serviette de toilette compacte (vu qu'en deux jour de sortie dans cette bergerie nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de nous laver, j'avais besoin d'une douche).
Aujourd'hui j'aurais passé la journée sur Internet à vous écrire ce message, et demain je vais faire une sortie de rafting avant de quitter la province de Mendoza pour Buenos Aires. Mais cette fois je vais faire du rafting avec une autre entreprise qui fait des sorties sur le Rio Mendoza, mais après le barrage électrique, et il semblerait que c'est plus mouvementé !
Enfin bref. Je suis restée à Mendoza presque deux semaines et en continu. C'est beaucoup plus que Salta. Mais les raisons qui m'ont fait resté sont différentes et peuvent se résumer en un mot : "rafting". Vivement la Patagonie. Il paraît qu'il y a de superbe rivière à descendre en rafting ! Affaire à suivre.... Chà !

PS : de plus en plus, je pense à rester en Argentine jusqu'à la fin de mon voyage. Faire juste un tour au Chili, du sud à Santiago, et zapper le Pérou, mais il paraît que c'est beau le Pérou.

>>> Les deux couchers de soleil vieux-fortins joints à ce message.

pic27

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